Accomplir son pèlerinage à la Mecque est le souhait de tout un chacun. Cependant, comment faire lorsque le cancer vient compromettre le voyage ? En effet, le trajet, les files d’attente, la foule ou encore les fortes chaleurs peuvent être des situations stressantes et fatigantes pour le patient. Cela dit, rien n’est impossible, mais quelques précautions sont à prendre avant d’entamer ce périple. Conseils d’un spécialiste…
Le pèlerinage à La Mecque (ou Hajj) est le plus grand rassemblement dans le monde. Cependant, quelle attitude adopter lorsqu’une personne atteinte d’un cancer est tirée au sort pour le Hajj ? C’est la question qui a été posée au Docteur Mohamed El Morchid, oncologue radiothérapeute exerçant au Centre de traitement Al Kindy de Casablanca. «Je reçois plusieurs patients atteints de cancer qui ont été tirés au sort pour aller au pèlerinage à La Mecque et qui souhaitent plus que tout y aller. Pour ma part, je n’ai jamais interdit à personne de faire le voyage qu’il a attendu toute sa vie. Après tout, notre vie est entre les mains du Tout-Puissant».
Cependant, plusieurs recommandations importantes de sécurité sont à prendre en compte, nous explique Dr El Morchid : «Les malades doivent prendre rendez-vous avec leur médecin 4 à 6 semaines avant le voyage pour mettre en place le protocole de traitement à suivre ou à arrêter durant la période du voyage. Les vaccins vivants atténués sont à éviter pour les personnes qui suivent une chimiothérapie, car le sujet est immunodéprimé et risque une activation». Le Dr El Morchid préconise d’éviter les zones où la densité humaine est la plus élevée et éviter d’accomplir les rituels pendant les heures de pointe.
«Le malade doit être constamment accompagné et peut prendre un fauteuil roulant, si nécessaire, afin d’éviter d’aggraver son état de fatigue : “Allah n’impose à aucune âme une charge supérieure à sa capacité”», indique le spécialiste en citant le Coran, S2-V286. «De plus, préservez au mieux votre sommeil pour ne pas vous affaiblir davantage», préconise-t-il encore.
En effet, une fatigue liée à un cancer n’est pas ou est peu soulagée par le sommeil. Cela va au-delà d’un simple sentiment de fatigue permanente. Cette fatigue est bien souvent invalidante pour le patient.
De simples activités comme préparer un repas, monter un escalier, faire le ménage, se laver, s’habiller, parler, lire, prendre une décision, etc. deviennent de vraies épreuves. Bien que la fatigue ne touche pas toutes les personnes atteintes d’un cancer, de nombreuses études montrent que la fatigue est l’un des symptômes les plus fréquents du cancer et de ses traitements.
La majorité des personnes malades interrogées estiment que la fatigue affecte leur vie quotidienne autant, voire plus que la douleur. Par ailleurs, les patients pensent souvent que cette fatigue est normale, voire inévitable, et qu’elle fait partie des effets secondaires des traitements et de la maladie. Ils n’en parlent pas ou peu à leur médecin. Aujourd’hui, les effets secondaires des traitements (douleurs, nausées, vomissements, etc.) sont traités, alors que la fatigue reste encore trop souvent sous-estimée et donc insuffisamment prise en charge. À noter également que les pèlerins ne devront pas non plus faire l’impasse sur l’hydratation tout au long de leur séjour.
«Il faut éviter les heures de la journée les plus chaudes et boire au moins 2 litres d’eau», recommande le Dr El Morchid. Pour ce faire, le spécialiste leur conseille de ne boire «que de l’eau en bouteille ou de l’eau de Zamzam dans les lieux saints et d’éviter les glaçons et les boissons dont la composition n’est pas sûre». Concernant l’alimentation, la prudence est de mise, selon lui, pour tout aliment qui n’aurait pas été cuit, bouilli ou pelé.
Avant le départ, le pèlerin devra aussi prendre quelques précautions comme emporter «un rapport médical complet précisant son état de santé» pour le présenter aux services médicaux sur place, en cas de nécessité.
De même, le spécialiste estime souhaitable que le patient souscrive une assurance. «Si je me réfère à mon expérience, nos patients sont toujours revenus avec un meilleur moral, un état psychologique reboosté, bien qu’un peu fatigués, mais cette fatigue est commune à tous les pèlerins», nous confie-t-il enfin.